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Etape 5 - dimanche 22 mai (du Puy à Saugues) - Haute Loire
Avant de vous raconter cette journée il faut que je vous raconte une histoire à la Fernand Raynaud, pourtant bien vrai car je l'ai vécue ce matin dans les deux premières heures .
Peu après le départ je reçois un coup de fil de Denis m'annonçant que j'avais oublié mon huile de massage à la chambre d'hôte. Je leur donne rendez-vous à 5 km du départ à l'intersection du chemin avec la route. Ne les voyant pas arriver je leur passe un coup de fil. Ils avaient été trop loin et venaient de s'apercevoir qu'à leur tour, ils avaient oublié la lotion. Retour à la chambre et je continue à avancer. 20 min après, je les informe que je suis parti en direction de Montbonnet et que je les attends à L'endroit où la route devient chemin . Très fort les copains.... Pourtant je peux vous assurer qu'ils n'avaient pas forcé sur la dose ...
Le sentiment de la journée et qu'en empruntant le chemin je suis entré dans un autre monde.
Le départ fut un peu long car les groupies voulaient faire des photos....
Devant le départ officiel C'est parti
Dès le départ, la pente était là (belle ouverture des festivités) ainsi que les pavés. Cela n'arrangeait pas l'affaire, mais très rapidement la difficulté arriva au grand galop. A moins d'un kilomètre il a fallu monter des escaliers herbeux. Déjà pieds à terre....et adieu le Puy
Au fur et à mesure que je grimpais vers les cimes, un vent de travers me chahutait fortement. Dans cette sacrée montée vers Montboulet, les cailloux sur le chemin se transformèrent en rochers, au point que j'ai préféré descendre du VTT afin de ne pas le martyriser et qu'il puisse m'amener au bout sans gros problèmes.
Dans certaines, debout sur les freins
Je ne reviendrai pas sur l'histoire matinale mais voilà notre dernier au revoir.
Le vent est de plus en plus violent et, plusieurs fois, je suis projeté sur le côté et je me récupère je ne sais pas comment. Cela fait un moment que j'ai retiré les cales pieds.
Enfin j'atteins Montbonnet et fais une pause pour visiter la Chapelle Saint-Roch. C'est la première fois que je rencontre un lieu rappelant le deuxième plus grand personnage de ce chemin.
Je fais les premières rencontres fort agréables et tombe sur ce couple amoureux du VTT mais ils ont choisi un autre moyen de locomotion car il y a deux enfants ( j'ai doublé un cavalier aussi, mais pas rencontré de VTT).
J'arrive enfin à Saint Privat d'Allier, terme de la première étape de nombreux pèlerins. J'en profite pour me restaurer assis sur un banc à l'abri du vent. Mais voilà que les premières gouttes arrivent alors qu'elles étaient prévues vers 15 heures. Du coup, je termine mon repas dans une cabine téléphonique . Voyant le ciel noir je me dirige vers un bar pour boire un café et voir la suite. Tout est complet à Saint Privat. Sur les conseils de l'aubergiste, j'appelle différents établissements à Saugues. Certains sont déjà complets et j'arrive à trouver une place dans le gîte communal. Il ne reste plus qu'à m'armer de courage, prendre ma monture et filer à 21 km avec encore une bonne dose de dénivelé et de chemins M.....
Le final sur 2 km de macadam suffit à nettoyer le vélo crotté tellement il pleut et que la route est un ruisseau. Je suis transi et les pieds sont gelés. Je ne trouve rien d'ouvert et je comprends que sur le chemin, les pèlerins arrivent plus tard et, de fait, les Établissements ouvrent pas avant 16 heures.
Ayant trop froid je fonce sur le premier bar que je vois ouvert. Et là, miracle, le tenancier à quatre chambres de libres et fait la demi-pension. Affaire conclue et c'est la première fois qu'à l'arrivé je prends deux thés et non pas une belle blonde.....
La chambre est très bien et surtout bien chauffée.....
Plus petite distance sur une journée depuis le départ mais le plus gros dénivelé avalé. Au fait, Saugues est la capitale de la bête de Gevaudan.
Etape 6 - lundi 23 mai ( de Saugues à Nasbinals) - Lozère
Avant de vous faire part de la journée de rêve que je viens de vivre, je voudrais revenir sur la journée d'hier et vous dire aussi que les images viendront demain car SFR est inconnu à Nasbinals, terme de cette étape. Néanmoins, je peux, par WIFI, écrire cette journée.
Sur l'étape d'hier, là où c'était le plus hard, soit sur les bosses ou descentes, celles-ci étaient annoncé par le guide. J'ai voulu goûter, mais c'est trop dur et sur le restant de la trace, quand des portions de chemins seront mentionnées difficiles pour les marcheurs, je les contournerai.
Aujourdhui, cette étape fut une étape d'anthologie à plus d'un titre. Déjà, sportivement j'ai pu réaliser une trace de 79 km avec plus de 70 km de chemin, associés à 1432 m de dénivelé. Pour le fun, se fut super car j'ai pédalé sur la journée entre 2 et 9 C et entre aperçu la grêle sur 20 min.....pour une trace facile, vous verrez les photos demain.
Des journées comme celles-ci resteront graver longtemps dans ma mémoire. Le chemin, sur cette contrée à un faux air de l'Ecosse. Les paysages sont déployés entre ciel et terre. C'est le bout du monde. Rien ici n'arrête le regard. Les pâturages s'étendent à l'infini seulement soulignés par la fine résille des murets de pierres délimitant les parcelles. Ce pays à des lignes de terre souples, et des cieux démesurés, car pas d'arbres ou presque. Cela m'a fait vraiment penser au Comnemara.
Le chemin se mérite. Il faut vouloir aller de l'avant devant la dureté du terrain. Des ornières si profondes qui sont une trace à elles seules. Non seulement, tu la suis, mais de plus, elles t'imposent le tempo. Tu ne peux pédaler car les pedales cognent sur les bords. Dans ces moments, tu avances tout simplement pour atteindre le mode de la lenteur. Tu te libères du temps. Tu laisses tomber ton confort et les contraintes de la civilisation...de fait, tu vis.
Il faut profiter de la vie, de notre vie. Nous avons tout à portée de mains....suffit d'oser.
Jean-Jacques Rousseau a dit : " Vivre, ce n'est pas respirer, c'est agir. C'est faire usage de nos sens, de nos facultés, de toutes les parties de nous mêmes, qui nous donnent le sentiment de notre existence.
Comme je le dis dans la page d'accueil, le chemin s'ouvre sur la beauté de notre terre qui est si belle en ces contrées. Mais le bonheur précède ou suit des moments de grands découragements. Mais, ne pas se décourager et faire un pas de plus et entrouvrir la porte suivante vers la quiétude.
Demain (plus de réseau dans quelques instants), je relaterai cette trace du jour.
Il faut que je vous avoue pourquoi cette terre me manque tant; c'est un retour aux racines. La Lozère est la terre de mes ancêtres maternels et je m'y sens bien. Je sens des choses.
Dès le départ, la route, puis le chemin monte, doucement mais régulièrement vers Clause ( et son donjon de granit) , puis la forêt.
la coquille gravée dans un tronc au départ de Saugues
Le dénivelé devient de plus en plus important et j'atteins l'altitude de 1300m avec un vent glacial. Le temps se couvre et la grêle a le plaisir de m'accompagner. Enfin, n'amorce ensuite vers Saint Alban sur Limagnole et son clocher peigne.
Je quitte la Margeride pour entrer en terre d'Aubrac. Le parcours devient très difficile.
La difficulté ne s'arrête pas là. Avec les pluies des dernières heures, il y a des ruisseaux dans les chemins. Il faut passer une dizaine de portes (poser le vélo, ouvrir la clôture, passer le vélo et faire les mêmes opérations dans le sens inverse).
Deux fois dans la journée, je suis obligé de marcher dans 20 cm d'eau (ruisseau qui a débordé et noie le chemin).
Et que dire de mon compagnon. Je prends soin de lui afin d'avoir un gros pépin. Marcher à côté de lui en lui tenant les pedales à l'horizontale afin qu'elles ne tapent pas les cailloux et surveiller la patte du dérailleur. J'en ai une de recharge mais je serai bien embêté de la changer, là' au milieu de nulle part avec les doigts gelés.
Je suis en cuissard court et n'ai pas froid aux jambes. Néanmoins, au moment de la douche, je me suis aperçu qu'elles étaient violettes.
Je suis tellement gelé que je mange dans un bistrot à Aumont Aubrac, pays que je connais très bien pour m'y être arrêté de très nombreuses fois car il y a une fromagerie de Dieu....mais, je commande aussi deux thés.
C'est dans la partie suivante (d'Aumont à Nasbinals) que le paysage est le plus grandiose. De plus, le temps devient plus clément et me permet de retirer le coupe vent. L'arrivée sur Nasbinals est salvatrice car, je l'avoue, je suis exténué.
et mon arrivée devant l'église
Je profite de la soirée pour faire une grande lessive / séchage à la laverie du coin.
Franchissement du Bès juste avant l'arrivée à Nasbinals
Etape 7 - mardi 24 ( de Nasbinals à Sènergues) - Aveyron
Lors du petit déjeuner, l'hôtelier me déconseille fortement de prendre de suite le chemin tant il est dur et surtout avec la pluie qui est tombée. J'écoute les conseils avisés des locaux, et attaque d'entrée le col de l'Aubrac qui est aussi la porte de sortie de la Lozère. La température est très fraîche (l'hôtelier a gratté). C'est une belle mise en route.
La descente est grisante (sur plus de 8 km) mais je maitrise car je suis seul et ce serait dommage. Je passe devant l'ancienne domerie d'Aubrac.
Je continue sur une petite route tranquille, tout en descente, jusqu'à Saint Chely d'Aubrac que j'atteins rapidement. 16 km avalés depuis le départ à une moyenne de 45.3 malgré le col au départ.
Joli village avec un pèlerin qui passe sans nous saluer.
Je continue la route jusqu'à Saint Côme d'Olt soit encore 13 km. Bien m'en a pris car j'assiste à une montée dans les montagnes (transhumance). La ville est belle et c'est la première fois que je vois le chemin intra muros clouté.
Le chemin est bien sûr la version rive gauche et me permet d'atteindre Espalion par l'église de Perse.
Que dire de cette beauté...j'y suis resté une heure et y est pris ma pause avec le soleil qui arrivait.
Le chemin suit le lot mais il monte dur rapidement. On retrouve ensuite le Lot. Belle voie qui suit et permet d'arriver à Estaing.
Le chemin est ensuite une suite de montées et descentes plus dures les unes que les autres. Dans l'une, je suis obligé de mettre pied à terre car j'ai le cardio à 150 et je ne suis qu'à 5,6 km/h...C'est d'ailleurs sur cette montée asphaltée que je laisse le chemin trois fois, car lui, coupe le virage et la rentrée dans le bois est un mur. Je préfère monter en rallongeant...c'est déjà dur comme cela et, de toute manière, sortie du virage, je le retrouve. Dans la montée, la route est bien indiquée.
'J'arrive à Sènergues essoufflé et je finis la ration d'eau (3l) juste en arrivant au village. Je trouve, et c'est une première, une place dans un gîte communal. J'ai du pot. Chambre seul mais douche partagée. Un ennui, pour être seul, il faut attendre que les autres dorment car sinon, ils n'arrêtent pas de tenir le crachoir....et je vais dormir pour la première fois avec des boules Kiess. J'attend les ronflements, porte fermée....
Aujourd'hui, cela fait une semaine que j'ai pris la route. Je tiens à remercier encore vous tous qui êtes venu au pied de la Cathédrale, mais aussi ceux qui me suivent sur le blog (850 ouvertures ce soir).
Au compteur, 559 km avec 8738 m de dénivelé positif.
Etape 8 - mercredi 25 mai ( de Sènergues à Figeac) - Lot
La journée la plus éprouvante depuis le départ....mais je n'ai pas eu envie d'abdiquer; un coup de fatigue et une fringale...à l'arrivée à Figeac, j'ai couru après la douche acheter une tarte, une belle tarte tatin.
Avant de vous raconter cette folle journée, un petit retour en arrière sur ma première nuit en gîte de groupe. Je confirme que ce genre d'hébergement n'est pas fait pour moi. Pour 10 € de plus, il n'y a pas photo, surtout en terme de confort,de calme et de silence. Il a fallu que je sorte mon sac à viande pour dormir. Et ce matin au petit-déj', tout le monde parlait de puces de lit . Super!!!!! Ce soir, j'apprécie ma chambre d'hôtel.
Un dernier regard sur le château de Senergues avant d'attaquer en direction de Conques.
Montée raide qui met de suite en température...Mais ce n'est que le début de la journée sous une température clémente et pas de vent. Du sous bois pas agréable car encore gras et caillouteux. Je file tranquille mais que la descente vers Conques est dure. Obligé de retirer les calages et d'avancer un pied en l'air pour rattraper en permanence l'équilibre...L'esprit est vraiment absorbé par cette tâche basique de rester sur son vélo...1h pour arriver à Conques pour faire 9km et sans descendre.
Enfin, la porte d'entrée de la ville et la descente dans le village.
Je connaissais Conques pour y être venu plusieurs fois et même un WEEK-END randonnée organisé par l'ami Dany. Pas de surprise et pourtant que c'est serein et beau. Niché sur une colline, ce bourg médiéval nous accueille dans une atmosphère incomparable, La beauté de l'architecture du village lui-même avec sa pierre blonde est rouge nous laisse une première impression d'émerveillement. Enfin, J'arrive au pied de l'abbatiale Ste Foy. Le tympan est splendide avec toutes ces sculptures au-dessus du portail. L'intérieur est un chef-d'oeuvre de l'art roman et les vitraux de Soulages, sobres, sont en harmonie avec le lieu. Je n'ai pu voir Sainte-Foy car l'entrée était payante. A l'église.....
Je remonte sur ma bicyclette pour continuer ma trace bien que l'ambiance nous invite à rester en ces lieux.
J'arrive pau pont des Roumieux et il s'en suit une montée impossible à faire à vélo. Je pousse donc mon compagnon mais c'est de courte durée. C'est trop dur. La pente est raide et humide au point que je récupère et décide de retirer les bagages, les monter environ 600 m plus loin et je redescend ensuite chercher le vélo. Je suis exténué. Je m'accorde une pose et mange quelques figues. Ensuite, cela va un peu mieux mais le terrain est gras,
Parfois, c'est plus éclairé......
Sur les hauteurs, le chemin je suis une petite route départementale qui me permet de récupérer un peu et de ne pas trop stresser. Ensuite, longue descente sur Decazeville qui est vraiment une cité ouvrière et industrielle morte. Il n'y a que son église avec sa voûte qui est à garder.
A la remontée pour approcher La Chapelle St Roch...et redescendre sur Livinhac le haut par un chemin très, très humide. Le seul avantage est d'apercevoir Livinhac à travers les feuilles.
Bien qu'usé, je décide de continuer jusqu'à Figeac. Peu après le départ, une bosse me fait regretter ma décision. L'arrivé à la monter en poussant le vélo, et là, je n'ai pas besoin de retirer les valises...Heureusement, ensuite le parcours est plus bitumeux et descendant. Je trace de plus en plus péniblement mais j'avance. Je trouve de plus en plus super cette complémentarité entre le corps et l'esprit. Quand l'un flanche, l'autre est là pour l'aider. Oh, cela ne dure pas longtemps mais, s'il n'y avait pas cette combinaison parfaite, j'aurais déjà mis les voiles...enfin, je ne sais pas, je craque difficilement.
J'arrive à St Felix, qui possède un tympan d'église joli mais suis émerveillé par la lumière interne que j'ai pu figer.
Ensuite, la descente sur Figeac s'amorce mais un écriteau me fait stopper il indique que St Jacques n'est plus qu'à 1233 km....en fin de journée, alors que je suis plus que nase, je regarde mais ne philosophe pas dessus.
J'arrive sur Figeac qui est aussi splendide. En entrant dans la ville, je m'arrête devant deux à trois établissements mais les prix sont fous...direction le S.I. qui me trouve un bon hôtel en plein Coeur de ville et qui fait la soirée Etape.
Quelques vues de Figeac
L'abbatiale Saint Sauveur construite selon les plans des moines clunisiens.
ETAPE 9- jeudi 26 mai (de Figeac à Lalbenque) - Lot
La nuit a été réparatrice et, ce matin, je suis en bonne forme pour attaquer la journée. Celle-ci commence par une bonne et une mauvaise nouvelle. Au petit déjeuner du matin, je tombe sur un cycliste qui avait dormi à l'hôtel. Ce n'était pas un vététiste mais un cycliste avec une remorque, qui ralliait Paris à Barcelone.
La mauvaise nouvelle est que le GPS n'a pas voulu se mettre en route. Il s'allume mais s'éteint dans les 30 secondes. Impossible de pouvoir contacter téléphoniquement le SAV de Garmn. Laurence À pris la relève mais sans succès à cette heure. Mais, est-ce vraiment important si ce n'est d'avoir des données personnelles. Car, pour la trace, elle est indiquée avec perfection.
Figeac / Cajarc était le premier objectif de la matinée. Départ de Figeac sous une température clémente mais un ciel bas. Ces noms sonnent le bon terroir rocailleux comme les chemins que j'ai parcourus cette journée. Pour atteindre le plateau, il faut grimper...
Une fois, rapproché des cieux, le chemin devient pratiquement plat mais cassant car le vélo est secoué sèchement malgré une vitesse tout en contrôle...Je peux quand même admirer le labeur et la dévotion de nos anciens.
Une caselle ou cabane en pierres sèches à gauche.
Le chemin relativement plat me permet de bien récupérer mais l'attention est constante car le revêtement est cassant. Mais la vision est limitée car on s'enfonce dans la forêt.
En arrivant à Gréalou, j'entre dans le parc naturel régional des Causses du Quercy.
Peu après, je découvre que la région a aussi ses dolmens
et, face à
Descente ensuite sur Cajarc avec une pente assez raide que je freine au maximum pour protéger le vélo.
A Cajarc, rien à voir...même pas vu Papy Mougeot...
J'en profite néanmoins pour faire le ravitaillement du midi avec des produits du terroir.
Je dois remonter dans les causses avec une pente raide. Suite à la journée d'hier, je prends la décision de contourner cette montée dans le chemin par l'option route. La bosse est raide et longue. Au sommet, je rentre dans le bois sur la gauche pour rejoindre le GR à St jean de Laur. Long parcours dans les bois avec des murets de pierres.
Arrivé à Varaire je continue un peu jusqu'à Lalbenque (capitale de la truffe) qui possède une église avec une fresque au dessus du portail.
Une surprise m'attend....Au S.I., impossible de trouver un hébergement, que cela soit un hôtel, en chambre d'hôte ou en gîte. Je commence à baliser. Une solution se fait jour mais l'hôtel est à 10 km...pas d'autres solutions...mais pas déçu (apéro (bière) dans le parc et sur une chaise longue).
Avant d'aller dîner, j'inspecte ma bicyclette car dans l'AM, je me suis aperçu que le garde-boue avant bougé. La visite valait le coup. Si globalement tout va bien, il faudra que je fasse une pause chez un mécanicien à Cahors demain, car les vibrations du jour m'ont fait perdre des vis du garde-boue et du porte-bagages. J'en profiterai pour tout faire réviser.
Etape 10 - vendredi 27 mai (de Lalbenque à Lascabanes)
Après un bon petit déjeuner seul (hôtel vide) sauf pour régler l'ardoise, l'ai repris le GR au niveau de l'aéroport de Cahors (15km) par une belle côte à pousser le vélo sur quelques centaines de mètres. Mais, une fois en haut du Causse, c'était plat et j'ai fait une rencontre avec deux chevreuils...pas rare chez nous, mais étrange car depuis mon départ, c'est la première fois que je voyais des animaux sauvages à l'exception de lièvres ou lapins. A un moment, je décide de faire une pause en arrivant sur un couple d'asiatiques qui, voyant un bipède à vélo, m'ont photographié. Mon arrêt leur a fait peur...il s'en suivi d'une partie de rigolade, d'une discussion en franglais, et, en repartant, c'est eux qui m'ont photographié avec mon appareil.
Le restant du chemin pour gagner Cahors était relativement sympa mais assez caillouteux. Les sens sens en éveil, surtout l'odorat, dans cette forêt de chênes, au pays de la truffe noire.
Dans une belle grimpette, la roue avant, en montant sur une pierre a fait cabrer le VTT et j'ai fait ma première chute...pas de gravité dans l'événement n'ai de dommages, mais le soir, la paume du pouce droit était noire.
Après une belle descente sur Cahors, l'entrée se fait par le pont Louis Philippe et, juste après, j'aperçois Jean-Luc (berrichon) avec un copain ...embrassades et l'on se donnent RDV sur la grande place, devant amener mon vélo en réparation tout à côté de la grande place. Je laisse ma bicyclette au magasin avec tout mes bagages, casque....et je repars qu'avec le camel-back, devant revenir à 14h30 car il avait trois vélos allongé à réviser aussi. Sympa qu'il me prenne le vélo car il était déjà 11h30.
Nous avons siroté une bonne bière, échangé nos impressions et déjà, les deux berrichons repartaient car l'étape du jour, pour eux, faisait 32 kms. Je regardais partir mes deux compagnons récents, mais j'ai tourné le dos rapidement, afin de passer à autre chose et éviter d'avoir un coup de blues....Ayant récupéré un plan touristique, j'entrepris de déambuler dans le vieux Cahors, plein de charme, légèrement endormi, comme les villes du midi, quand le soleil est bien haut. D'ailleurs toutes les terrasses de bars étaient pleines. Après l'achat d'un casse-croûte je me posais aussi pour me désaltérer d'une boisson bien fraîche.
A l'heure dite, le vélo était prêt et, je devais donner ce que je voulais car, pour remettre 3/4 vis et boulons et en resserrer autant, c'était rien....sympa
Je repris ma route, non sans peine, et passa sur le Valentré et sa légende. Joli pont piétons sur lequel le chemin passe.
Mais à peine sorti du pont, un mur...des marches donc je ne voyais pas la fin...arrêt complet, demande au autochtones d'un passage pour vélo d'autant que Jean-Luc, parti plus de 2h avant m'appelle pour me dire qu'il était impossible de passer à vélo. Ne voulant pas renouveler l'expérience de Conques, je contournais l'obstacle et repris le chemin, 8km après, à Labastide-Marnhac. A la sortie du village, derrière l'église je vis des randonneurs allongés sur la pelouse à l'ombre. J'ai cru entendre mon prénom et fit demi-tour.
En effet, l'appel était pour moi. Jean- Luc et son copain faisaient une pause bien méritée avant d'attaquer leur dernière partie de la journée. Photo souvenir....
Tout le restant du chemin est une autoroute pour VTT jusqu'à Lascabanes.
J'avais réservé pendant la pause méridienne car, en lisant, Lascabanes étant un petit village, avait peu d'hébergements. Ce qui se vérifia. J'ai dû composer 5/6 numéros, et tout était complet...d'où un hébergement 3 km après Lascabanes. Et cette dernière partie s'est faite pour moitié à pied, car la pente était raide et caillouteuse. Mais l'effort valait le coup, car quel havre de paix, le gîte.
Soirée calme, repas tout en harmonie, pris dehors avec Trois autres pèlerins.
Le GPS étant nase, je n'ai plus de référence horaires (le portable étant dans le camel-back), j'ai vécu une journée en ayant aucune notion du temps...délicieuse sensation....serai-je entrain de me dépouiller de tous ces maux ?
Etape 11 - samedi 28 mai - (de Lascabanes à Auvillar)
Journée de transition en ce samedi veille de la Fête des Mères . Par une météo clémente (pas d'orages et chaleur printanière agréable), mon vélo m'emmène du Lot et plus particulièrement du Quercy blanc auTarn-et-Garonne ou j'aperçois les premières vignes de chasselas blanc, spécialisé de la région.
La journée commence bien Car au bout de 3 km je m'aperçois que j'avais oublié le casque et les lunettes à la chambre d'hôtes; heureux le petit père .....
Après, la journée fut un long fleuve tranquille. Le profil du terrain devient quelque chose d'humain et les quelques bosses sont très courtes mais bien pentues. Le Camino, dans cette partie, est agrémenté de nombreuses chapelles ou églises romanes, toutes plus belle les unes que les autres.
le chemin m'amène à Montcup avec son impressionnant donjon.
Dans cette chapelle Romane, la lumière et le lieu aspirent au recueillement...je pense très fort à Toi, Daniel. D'ailleurs à l'abbaye de Moissac, plus tard dans la journée, j'ai fait, pour la seconde fois depuis le départ, un acte que je n'avais jamais fait auparavant...
Au fil du cheminement, rencontre d'un équipage insolite venant du Puy et allant jusqu'à Saint Jacques. D'ailleurs, une information sur le sujet. Hier soir à table, une Pèlerine nous a dit qu'au départ du Puy, sur 200 pèlerin, quatre seulement allaient à Saint-Jacques ....
Peu après, j'arrivais à Lauzerte, bastide médiévale, juchée sur un promontoire que j'atteins par la route sur le dernier kilomètre car le chemin était un mur vertical.
Heureusement le marché animait la place centrale du village
Peu après, rencontre avec les premières vignes produisant le fameux chasselas
J'arrive à Moissac après cinq heures de sortie et la pause est bien méritée. En Plus du ravitaillement j'en profite pour visiter l'abbaye Saint Pierre et contempler le tympan qui illustre magnifiquement l'Apocalysme selon Saint-Jean. Une pure merveille et en déambulant ensuite dans le cloître, ceux sont des instants de grâce.
Difficile de quitter ces lieux dans lesquels on sent une force, quelque chose de prenant mais difficile à cerner...et pourtant, le petit pèlerin que je suis dois continuer.
Je trouve très belle cette phrase de Paulo Coelho ( écrivain brésilien) : le bon combat est celui engagé au nom de nos rêves.
Avant de quitter Moissac, je passe le pont canal permettant le passage au dessus de la Garonne ainsi que le port où de nombreuses péniches sont à quai
La journée est bien avancée. Je suis entre le canal d'un côté et le Tarn de l'autre. Là, deux options se présentent. Je choisis la voix de la sagesse et de prendre l'option parcours plat, à l'ombre des platanes en suivant le chemin de halage le long de la Garonne et de son canal. Ce chemin me dépose à la hauteur d'Auvillar et n'ai qu'à effectuer une montée humaine pour atteindre ce charmant village classé parmi les "plus beaux de France". Elle sera mon Etape du soir.
La halle à grains sur la place centrale, une pure merveille...
Etape 12 - dimanche 29 mai (d'Auvillar à Condom ) - Gers
J'etais bien hier soir avec le propriétaire de la chambre d'hôtes. Les langues ce déliant, notre brave m'annonca qu'il avait 84 ans et qu'il faisait toujours quatre sorties par semaine de 80 km....pas une once de graisse et une prestance sortant de l'ordinaire . De plus, l'esprit était vif et il me raconta qu'il avait traversé les États-Unis, qu'il avait fait Paris Pékin et que maintenant, il se limitait qu'à ces quelques sorties....
Ce matin, au départ, ses yeux étaient animées de joie et je pense qu'il vivait aussi mon aventure . Nous nous sommes quittés en s'embrassant ....
Le ciel était bas , mais l'envie d'avancer était plus forte. L'ensemble se mi-temps en route, L'esprit léger pour cette journée dans le Gers.
Le topo guide, consultez la veille au soir, annoncait une journée tranquille car le GR suivait à 80 % du parcours de toutes petites routes. Encore une fois, je m'étais dit que la journée serait cool et c'est l'opposé qui se passa. D'entrée, des sous-bois gras me faisaient partir en aquaplaning .
Voilà en deux clichés l'étape du jour, triste, sans saveur et pleine de boue. Il faut y associer une belle averse, et, l'après-midi venant, le soleil fit son apparition car le vent de face c'était levé il était assez fort.
La terre du Gers aime le pèlerin. Elle lui colle à la semelle. Il en est de même pour le vététiste. Heureusement que la journée ne comprenait que quelques passages dans des chemins car jamais je n'aurais pu faire la trace...trop dur. Il m'a fallu par deux fois m'arrêter pour "depater" l'axe du pédalier et libérer le passage au mécanisme des vitesses.
Si l'Aubrac m'a rappelé, par moments l'Ecosse, aujourd'hui, c'est le ciel qui m'y a fait penser. Toute la journée, j'ai dû changer de haut au moins dix fois : cela allait du goretex au vêtement chaud en passant aussi par un simple maillot...et sans ordre précis. De plus, les montagnes russes du Gers sont usantes car je ne sais comment les aborder. Courtes, mais raides, elles font mal aux cuisses. À Saint Antoine de Pont d'Arratz, j'entre dans le Gers et, la borne m'indique que je suis dans la bonne direction si j'avais un doute.
Les vignes sont toujours là, sûrement pas le même cépage car on rentre en terre d'Armagnac et du floc de Gascogne.
Les paysages font oublier la dureté de la trace. Avec les contrastes du ciel, les paysages sont de toutes beautés.
Me voilà à Flamarens avec les restes d'une eglise en cours de restauration . Heureusement que le château qui lui fait face se tient un peu mieux
Peniblement j'arrive à Lectoure juste avant la fermeture des magasins ( courses du midi). Je ne peux entrer dans la cathédrale Saint Gervais car un office s'y déroule et, de plus, je suis un cycliste boueux et crotté jusqu'aux oreilles. Je fais un tour autour des remparts et reprend ma monture. A la sortie du village, un brocanteur a disposé une statue songeuse...
Le ciel est menaçant et je décide de me mettre sous un abri pour la pause méridienne. Précaution inutile car le soleil fit des apparitions par séquences car le reste, c'était un camaïeu de gris sombre à très sombre, mais je ne vis plus d'eau dans l'après-midi.
Enfin, après avoir tant bien que mal passé par dessus quelques coulées de boues, j'aperçois la collégiale de La Romieu
C'est incroyable de trouver, perdu en pleine campagne, un lieu où se dégage une force d'harmonie et de sérénité.
Un dernier effort afin de rejoindre Condom où j'avais réservé pour la nuit à la pause méridienne. La cathédrale Saint Pierre, que j'aperçois au loin est un réconfort car, ce soir, le vent et la boue m'ont usé. Je la rejoins rapidement et ose entrer en son sein malgré que je ne sois pas présentable.
La cathédrale se présente sous la forme d'une large et unique nef lumineuse et légère.
Je n'ai pu visiter le cloître car fermé tout comme le S.I. Ou j'allais chercher l'orientation de mon hôtel. En demandant mon chemin, j'aperçois les 4 mousquetaires
En allant vers la rivière Baise, je vois un marinier nettoyant sa péniche. Je m'en approche et me permet de laver mes chaussures et vélo afin de me présenter convenablement à l'hôtel.
Etablissement super et, pour la première fois, je prends un bain bien chaud me relaxant à souhait.
Étape 13- lundi 30 mai - (de Condom à Barcelonne du Gers)
S'il fallait résumer la journée, je dirais que c'est une pâle copie de la journée hier. Mais pas de manière péjorative. Non, bien au contraire ; globalement, presque tout a été identique : vent de face toute la journée mais, avec une intensité moindre ; chemin aussi bosselé mais avec des dénivelés moins importants et s'atténuants au fil de la journée ; terrain de moins en moins collant (car moins humide) et de plus herbeux. Ce qui était vraiment moins bien, c'était la pluie (1/2 h ce matin et deux heures assez soutenues cette après-midi). Comme les visites étaient moins importantes et moins prenantes émotionnellement, j'ai pu réaliser une bonne trace.
Parti assez tôt de cet hôtel "les relais du silence " (du pur bonheur où je serai resté quelques jours...), je pris le chemin qui m'amena dans le vignoble d'Armagnac, par un mélange de chemins bitumeux et de sentiers parfois boueux mais surtout herbeux. J'arrive à Larressingle, petit hameau médiéval fortifié que les gens du coin appellent "le petit Carcassonne" (avec moins de 300m de circonférence)...mais lieu de sérénité, loin des bruits et des tumultes du présent.
Puis passage sur le fameux pont de l'artigues (via publication Sancti Jacobi), datant de la naissance du culte de Saint-Jacques le majeur.
Le chemin me conduit à la Bastide de Montréal où L'église était fermée. Rien de superbe; Il se continue en passant à Bretagne d'Armagnac pour atteindre Eauze, plus jolie avec la cathédrale Saint Luperc et la maison de Jeanne d'Albret (X ème).
Mais avant de passer à Bretagne, à Lamothe plus précisément, au coin de La Chapelle, une borne qui me fait sourire.
Sur le chemin, j'ai beau croiser des fermes, peu de canards, grippe aviaire et quarantaine y sont pour quelque chose. J'arrive à Manciet et je vois un monument que je n'avais encore point vu sur le chemin : des arènes...
Néanmoins Manciet, fut en son temps, le théâtre de la rivalité de deux ordres d'hospitaliers, et c'est un troisième larron, l'ordre espagnol de Santiago qui lit tout le monde d'accord en récupérant l'endroit.
Sous une bonne pluie, j'arrive à Nogaro et vais me réfugier à l'église qui m'offre un lieu emprunt d'une sérénité forte.
Je continue malgré la pluie et bien qu'ayant mis tout au sec, je ressors l'appareil photo pour immortaliser la beauté de dame Nature.
Un joli champs de nénuphars...
Il pleut tellement que par deux fois je m'abrite. Une fois sous un arbre, la deuxième à l'intérieur d'un cabanon qui n'a plus de porte. Étant là, à l'abri, j'en profite pour trouver le gîte et le couvert pour le soir. Quatre à cinq appels me sont nécessaires car complets, en retraite ou pas là. Mais j'en trouve un est c'est là l'essentiel.
Je fonce sur l'adresse et arrivé devant, le voisin d'en face, voyant qu'il pleuvait, me fait rentrer dans la cours de ma chambre d'hôte, me dit de le suivre et nous passons derrière. Là, une belle terrasse couverte. Je pose le vélo, retire casque, goretex, gants et lunette trempés et je vois le voisin revenir avec deux bières fraîches qu'il a trouvé dans un débarras ouvert. C'est un anglais de 80 ans qui vit en France (retraite), marié à une française. Rigolo, je sais tout de lui en 15 minutes...il doit partir pour ses chiens et me dit de rester à attendre la propriétaire, qu'elle va arriver.
Au bout d'une demi-heure, ne voyant rien venir, je rappelle au dernier numéro appelé...et bingo, la propriétaire m'attendait depuis une demi-heure...je m'étais trompé d'adresse...Me voyant sortir, l'anglais me demanda pourquoi je partais. Lui expliquant, il est parti dans un éclat de rire et me dit : " là-bas aussi il y aura une bière....
Étape 14- mardi 31 mai (de Barcelonne à Artherz de Béarn) Pyrénées Atlantique
La journée fut un régal de conduite en VTT. L'image que je pourrais y assimiler serait une belle coupe de glace avec de la chantilly partout mais sans la cerise sur le dessus . Le parcours, roulant sur 90% m'a apporté un immense plaisir d'autant que les 10% restant ont été physique...
Nous allons voir cela.
Ce matin ,j'étais gonflé à bloc car je savais que l'étape était roulante mais qu'au niveau visuel et monuments, ce serait assez pauvre, donc peu d'arrêts.
Je quitte Barcelonne en petit maillot malgré un ciel bas et menaçant. Mais ma météo n'annonçait pas d'eau ou très faiblement .
A peine parti, je trouve un beau lavoir , mais aussi la fraîcheur qui me force à mettre le goretex. Bien m'en a pris, car la bruine arrive. Peu après, nouvel arrêt, la bruine devenant pluie, je suis obligé d'habiller le camelbag de sa protection. Bien que la pluie ne dura qu'une demi-heure, je reste couvert tout la journée, fraîcheur oblige.
Sur cette journée, j'ai roulé sur trois départements (Gers, puis Landes et je dors dans le dernier département français que je traverserai, les Pyrénées Atlantique).
Ce matin, aussi une petite bourde. Au bout d'un quart d'heure, je m'aperçois que j'ai oublié mes gants. C'est ma troisième perte (stylo, carnet et gants). J'en serai pour en acheter une paire à Saint Jean Pied de Port, là où je ferai dévoiler mes roues. Pourvu qu'un matin je ne parle pas sans le vélo !!!!!
Je ne sais pas pourquoi ni comment cela est arrivé, mais je ressens un détachement sur le temps, je me sens libre de vivre à mon rythme, en dehors de ma société que je traverse.
De la journée, je n'apercecevrai pas une fois les Pyrénées au loin. Pourtant, je suis à moins de 100 km, mais le plafond obscurcit le fond de l'horizon.
Sortie del'Aire, une belle bosse pour éveiller la musculature et m'amener sur les bords du lac du Brousseau. . Ensuite, une longue trace rectiligne soit sur chemin ou bitumineux me permet d'avancer rapidement d'autant que je suis à travers champs et que les cultures ne font que quelques centimètres de haut. Cela me permet d'apercevoir de loin les Pèlerins bien emmaillotés aussi.
les premiers revêtements "nature" sont corrects, ce qui se dégradera au fil de la journée, mais sur peu de distance (c'est comme les pavés du Nord ; il y a eu des secteurs).
et pour finir comme
Je comprends pourquoi le Pèlerin revient en forme et que les rhumatismes ont disparu...
Au bord de la route m'apparaît une nouvelle borne DDE : ainsi que plusieurs pans aux abords d'une ferme.
La montée vers Pimbo est une prouesse technique et physique car de la boue avec une pente non négligeable qui m'interpelle : vais-je arriver en haut car j'ai l'impression que pour avancer d'un mètre, je suis obligé de faire plusieurs pas' tant je glisse en arrière. Pimbo est la plus ancienne bastide des Landes et sa collégiale vaut le détour.
Le chemin me dépose ensuite à Arzacq-Arraziguet, avec sa belle place rénovée à arcades. Mais il fait trop froid et je me réfugie dans un bar pour pique niquer.
Sur la journée, plusieurs encouragements :
Le Camino continue ensuite et entre en terre Béarnaise. J'ai la chance de ne pas avoir d'eau, ce qui est anormal en terr béarnaise...j'entrepercois des villages aux noms imprononçables...passage à Larreule et son eglise Saint Pierre qui possède un bel hôtel
Ensuite, je prends une variante qui ne passe pas à Uzan mais à MorlanneSon eglise et son château
Après le passage à Pomps, le chemin peu large rentre dans la forêt et me permet de lire, au pied d'un arbre, quelque chose de fort.
Enfin, le repos tant attendu se pointe...mais avant, lavage complet de la machine, du pilote et de tout le paquetage...mais une bonne nouvelle termine la journée avec ce panneau
Soirée Etape sympa à une chambre d'hôte au sein d'une maison construite en paille (épaisseur des murs de 1,20 m)... Et particularité de la maison, de nombreux signes indiquant le maître des lieux : compagnon. À table, un père et sa fille ainsi qu'une canadienne. Soirée riche d'échanges et qui fait du bien.
Etape 15 - mercredi 01 juin (de Arthez en Béarn à Saint Jean Pied de Port ) Pyrénées Atlantique
Au réveil, ce matin, j'etai envahi d'une immense tristesse, non maîtrisable. Elle m'a tenue toute la journée et, même ce soir, je suis anéanti...
Cela n'a rien à voir avec ce cheminement. C'est personnel, très lourd et je, nous sommes impuissant. J'ai eu beau me maîtriser, je n'ai pas pédalé avec plaisir mais avec rage..cela n'a pas suffit.
Et pourtant, la journée a été une belle, très belle journée. Soleil au réveil et légère brise marine, légèrement avantageuse sur tout le parcours. Quand à celui-ci, roulant à l'extrême avec 90% du territoire macadamisé et le reste, allées que je considère comme des autoroutes. Oui, il y a eu un ou deux secteurs où la terre était amoureuse, où la pente m'a obligé à pousser le VTT, mais sur si peu de temps que cela en est insignifiant.
Pas très serviable en ce jour de blues, je me suis pris la tête, à la pause méridienne, avec la chambre d'hôte dans laquelle je devais terminer l'étape à Saint Palais. Une chambre d'hôte à dormir à 4 dans la chambre...si ce n'est pas de l'arnaque aux Pèlerins( d'autant qu'il faut payer en liquide ou chèque que je n'ai pas pris). Du coup, j'ai annulé alors qu'il n'y avait pas d'autres lieux d'hébergement. Mais zut de ces abus. Du coup, j'ai rallongé la sauce pour finir à Saint Jean Pied de Port pour une Etape de plus de 100 km avec plus de 1300 m de dénivelé...mais départ matinal et Etape la plus longue aussi en durée ; pratiquement 9h. Mais j'avais besoin d'aller loin ce jour. Ce soir, j'étais cramé...
Comme ce matin, au petit déjeuner, les autres Pèlerins avaient une journée longue (32 km) à effectuer, tout le monde a pris le petit déjeuner à 7h...de fait, j'étais parti à 7h45, quelques temps après les autres convives, que je rattrapais rapidement.
Sur la journée, tout en restant dans les Pyrénées Atlantique, j'ai traversé deux régions bien différentes, les Pyrénées Atlantique Béarnaises et les Pyrénées Atlantique Basques. Elles sont séparées par une bosse, car chacune à son gave (gave de Pau, pour l'une, gave d'oloron pour débuter dans l'autre). Et j'ai aimé plus particulièrement le côté béarnais...Dans ces montagnes basques, je vois, je ressens une identité territoriale plus forte, plus oppressante (panneaux tagués...). Un exemple ; en terre Béarnaise, les noms des villages sont associés à "en Béarn " et de l'autre côté, c'est tout presque écrit en basque avec des noms à rallonge. J'en suis sûr, en dictée, ici, chez les basques, 10 fautes par ligne sont assurées.
Le départ, dynamique, fut, contrairement aux autres jours, au sommet d'une côte. Et jusqu'à l'usine de gaz de Lacq, un monstre de raffinerie, avec ses cheminées et ses lumières d'un autre monde, que j'ai oublié ( soit environ 10 km), le chemin était d'un profil négatif.
C'est ensuite que j'ai trouvé le seul passage boueux et pentu à serpenter dans les bois pour atteindre Sauvelade et son abbaye, que je n'ai pu voir que de dehors, car fermée pour travaux.
En reprenant de l'altitude, j'ai l'impression de passer au petit train à crémaillère des Pyrénées avec ces cheveux en liberté
D'un vallon à un chemin de crête, le parcours n'est pas monotone et gagne Navarrens. Je tombe sur le marché, mais avant de faire mes courses, je visite l'église Saint Germain, qui fut, un an après la fin de sa construction, transformée en temple protestant, puis, rendu au catholiques en 1620 par Louïs XIII.
Je fais rapidement le tour de cette cité (bastide médiévale) qui est protégée par des remparts séculaires.
Pourquoi le marché, me direz-vous? Et bien, j'en avais marre de manger des bananes depuis 15 jours. Je me suis régalé avec 500 g de garriguettes, assis au soleil
L'orage couvant, j'ai repris mon chemin. Heureusement, il n'a que couvé....et je quittai Navarrens par la porte St Antoine et son pont du XIII ème siècle qui enjambe le gave d'Oloron.
Sur les crêtes, j'aperçois des châteaux au fil de mon avancée. Mais je fais une halte auprès d'un Pèlerin accompagné d'un aide à bagages...
Dans cette terre basque sur laquelle je roule, on sent partout, la fierté de ce peuple basque. Chaque petite bosse, qui ne fatigue pas vraiment, me fait pénétrer dans cette identité culturelle forte. On suit la route de St Jacques . S'ouvre à moi deux possibilités de traces : passage par Aroue ou St Palais.
Je prends cette option qui me fait passer par Ostabat et Larribar, et j'arrive sur St Palais par une descente, puis en suivant la Bidouze qui serpente. St Palais n'est pas d'une richesse architecturale qui m'attire. Aussi, je reprends mon chemin. J'avance...je ne sais pas où je m'arrêterai. C'est peut-être pour cela que je n'ai jamais été aussi loin en une journée. Mais le départ de St Palais est un calvaire (raidillon) pour atteindre Gibraltar et La Chapelle de Soyarza.
Non, je ne divague pas encore bien que la fatigue commence à se faire sentir. Le hameau de Gibraltar possède une célèbre croix. C'est à cette croix que se rejoignent trois des quatre chemins français vers Compostelle ((Puy, Vezelay et Tours. La voie d'Arles nous rejoindra en Espagne). Et c'est vérifié car ensuite je double plus de Pèlerins jusqu'à St Jean.
Derrière continue le raidillon mais, la petite route alphastée Perd son revêtement au profit de trous prenant leurs aises....Je n'arrive pas à passer une vitesse, la dernière, et pert rapidement l'élan. Je veux désolidariser mes pieds des pédales mais impossible. Et me voilà au sol, d'un seul coup, sans rien pouvoir faire si ce n'est d'essayer de maîtriser cette chute pour protéger le bonhomme et l'électronique qui est dans le sac (appareils photos, phone et tablette). Une fois bien allongé, je constate que le rétro a volé en éclats. Je regarde vite fait mes appareils. Tout est OK; ouf!!!!
Je passe devant La Chapelle l'esprit accaparé par ma chute et y jette à peine un regard. Vient ensuite la descente à travers bois qui est aussi éprouvante que la montée psychologique. Mais, il n'y a pas trop d'efforts à fournir, juste gérer l'équilibre.
A l'approche de St Jean Pied de Port, les maisons blanches au volets couleur piment tranchent avec leurs toits rouge, dans la campagne. Je traverse ainsi les villages où trône avec fierté les frontons Je passe devant une superbe croix navarraise en pierre marquant le chemin
Un dernier effort et j'atteins St Jean par la porte St Jacques et découvrir (redécouvrir) la rue de la Cidadelle. Un arrêt devant la maison du Pèlerin pour faire tamponner mon credential du sceau officiel car si je ne suis pas encore arrivé à Santiago de Composella,ce tampon me signifie la fin de la voie du Puy.
Je me presse d'aller retrouver mon hébergement. Superbe maison avec une âme forte de quiétude où d'entrée je me sens bien. Je me fis toujours à ma première impression qui est souvent dans le vrai. À vérifier car j'ai décidé de faire une pause de 24h afin de récupérer et de faire revoir le vélo.
Douche réparatrice prise, je descend chez le mécanicien pour y laisser la bicyclette avec révision de la roue arrière bien voilée, du rétro à changer, d'un serrage de toute la visserie, d'une bonne douche et surtout d'un bon graissage sans oublier dans l'affaire les pedales.
Soirée douce et je prends plaisir à penser que demain' c'est une grasse matinée qui m'attend, suivie d'une visite tranquille de la citée avant de récupérer le VTT (tout neuf) et me remettre en condition pour affronter le col....
J'en profiterai, en ce jour de repos, pour faire un premier bilan, après 16 jours de cheminement ( rubrique "Le retour ").
Etape 16 - jeudi 02 juin - Repos à Saint Jean Pied de Port
C'est la dernière page de ce chapitre. Demain, j'ouvre l'autre dossier qui m'attend et devant me guider jusqu'à Saint Jacques de Compostelle.
De vous dire que j'ai passé une journée de tout repos est un euphémisme. Je suis d'accord. Il n'y a pas que des heures de pedales pour prendre du plaisir. Et le corps n'a rien réclamé. Il est vrai que chaque instant sont à savourer avec gourmandise. Il est important d'avoir une vision à long terme afin d'avoir un cap, autant, il est nécessaire de profiter de l'instant.
Ces 15 jours m'ont fermé la machine intellectuelle interne qui n'arrête pas de penser à "Après ". Après quoi, d'ailleurs ? Après notre mode de vie qui fait que sans arrêt on pense à après, on pense à son ego, ...et il est inconcevable de ne penser à rien, de ne porter aucun jugement sur les choses, les Êtres, la vie.
En ce jour, j'ai réussi à ne plus prêter attention à ce dialogue interne. À regarder les choses, les Êtres librement. Si c'est comme cela, c'est qu'il y a une construction derrière. Pas de jugement car je ne connais pas l'histoire. Je vis l'instant à l'écoute de mon corps qui est mon point focal. Je le sens vivre, respirer et perçoit cette parfaite harmonie entre le corps et l'esprit. Quel état de plénitude!!! Tout est en relâchement, les muscles, l'esprit. C'est une puissance tranquille, la sensation de maîtriser ses émotions, ses sens, sa vie.
Aussi quel plaisir de déambuler, sans but' seulement attiré par un objet, un détail architectural. J'en ai retiré ces quelques clichés.
En sortant de la chambre, l'objectif de demain.
Le pont à la sortie de la porte Notre Dame
enjambe la Nive.
Le nom sur les portes est plus simple aujourd'hui...
Et ces deux là avaient atteint leur but.
La porte d'Espagne, sortie de la ville demain matin et, dans le prolongement, le départ du GR
Avec environ 1200 m de dénivelé en 21 km car la fin redescend sur Roncevales qui est au dessus de 900m alors que l'on atteint, au plus haut, plus de 1300 m. La crainte, il faut l'avouer...Monter 1200 m me fait penser au dénivelé du Tourmalet mais à l'épique ( l'an dernier), j'avais un vélo de course et non un 38 T équipé de roues de brouettes...et cela avait été dur.
Enfin, Saint Jean m'a permis de passer 3 h à table avec un couple normand qui finissait à Saint Jean, leur parcours ainsi qu'un japonais. Le couple parti, j'essayai d'engager la conversation avec le japonais qui n'avait mot jusque là. Bien entendu, lui connaissait 3 mots d'anglais mais, malheureusement, ceux-ci étaient différents des deux seuls mots que je connais. Mais cela n'est pas un handicap. 3 h à table; pas à manger, non juste pour lui apprendre à jouer au Sudoku...quel plaisir de le voir réussir ensuite une grille.
Je terminerai ce chapitre par ce mot de Victor Hugo : chaque homme dans sa nuit s'en va vers sa lumière.
Date de dernière mise à jour : 17/07/2016
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