
Préparation du projet
Dès la décision prise, je souhaitais ne rien laisser au hasard. Sur ce type de projet, tu passes obligatoirement par des hauts, des bas. Il faut bien te connaître et savoir jusqu'où tu peux descendre sachant qu'il faudra te relever pour continuer le chemin.
Pour me donner toutes les chances de réussir, d'aller au bout, j'ai beaucoup consulté: des sites internet, des articles, des récits, des livres, des films. J'essaie de prendre l'essentiel des expériences et mets tout en oeuvre, avant, pour tester.
Le mental
La première des préparation est d'être sur de vouloir mener ce projet à terme. j'ai toujours marché avec des objectifs et à part l'UTMB (des pieds en sang), je n'ai pas connu d'échecs. Un objectif, quelqu'il soit, est un super moteur pour tout individu. Si le sommet à atteindre est dans le domaine du réalisable pour celui qui le programme, alors le challenge est super. Tu mets tout en place, tu organises, prépares, penses dans les moindre détails afin de laisser peu de place à l'imprévu. Celà peut arriver....mais tu auras imaginé tant et tant de scénarios possibles que si une variante surgit, tu peux avoir une solution dans l'immédiat.
Celà peut paraître d'une méthodologie barbante, mais elle donne une confiance énorme mais surtout ne pas interpréter cette confiance par un aveuglement sans limite. Il faut savoir une seule chose, c'est ses limites. A l'époque des grosses périodes de course à pied où les entrainements lourds étaient placés, il valait mieux, un soir, faire un footing que de s'avaler une séance de VMA qui aurait fait exploser la machine. Je trouve que lorsque l'on est dans une parfaite osmose entre le corps et l'esprit, c'est le top. On est dans la vie sur un petit nuage. On ressemble au funambule sur son fil avec sa perche. Tu dois avancer mais tout est dans l'écoute de son corps et ses moindres sensations.
Le process sur lequel je m'appuie et que je renvoie aux copains sur le marathon est: connais-toi, sais ce que tu peux faire et fais ton marathon. Tu pars avec un réservoir plein d'énergie et tu ouvres le robinet. Le cycle du marathon veut que la régularité soit la force. Donc démarre en ouvrant le robinet, pas trop fort car tu auras vidé le réservoir avant la ligne d'arrivée, mais pas trop lentement, car cela ne sert à rien de finir avec le réservoir qui contient encore du carburant.
Très rapidement, et pour avancer avec sérénité dans ce projet, je me suis dit que celà était jouable. Cela demanderait plus ou moins de temps, mais ce n'était pas l'objectif premier. Je voulais descendre jusqu'à St jacques car ce projet avait pour lui le temps, et de baigner, des jours et des jours dans cet univers, je devrai retrouver ce détachement et aller ailleurs.
De plus, un autre évenement survint dans le même temps de cette mise en place mentale. La sortie du film "THE WAY", la route ensemble d'Emilio Estevez.C'est l'histoire d'un ophtalmo américain qui se retrouve sur le chemin de Compostelle à la suite d'une nouvelle tragique: son fils est mort accidentellement alors qu'il entreprenait le pèlerinage. Ce père va l'accomplir à sa place, en portant ses cendres. Ce mélodrame américain transmet quelque chose de la profonde expérience humaine du Camino. Cela m'a laissé un souvenir qu'il est bien difficile d'oublier. C'était beau, sensible et touchant à la fois!
Enfin, dernier point et pas des moindres, fais-je ce projet en solitaire ou avec des copains. L'idée initiale était de vivre et partager cette expérience, cela me semblait et me semble toujours plus sympa.
Dans la littérature, le chemin se vit seul.
Mais il y a trop longtemps que je partage dans ce milieu. que celà soit sur 10 bornes, marathon et même sur des 100km. Combien de projets ont été menés à plusieurs. Bien sur, la cerise sur le gâteau, l'Epreuve finale à tout entraînement se vit seul, mais tout est partagé avant, voire même jusqu'au top départ, et surtout, on vit l'évènement ensemble et celà est fort.
Au départ, j'ai proposé le projet à Claude, un ami qui ne court plus (genou HS) mais qui a pu se reconvertir dans le vélo. Le temps passe et à presque 3 mois du départ, la décision est de ne faire qu'une partie du circuit du Puy à Saint Jacques (soit la partie française, soit la partie espagnole).
D'autres amis, qui essaient de se mettre en condition, souhaiteraient m'accompagner jusqu'au PUY. Mais celà se finalisera que dans les dernières semaines et qu'en fonction de cette remise en condition.....
Chacun se prépare et agit en fonction de ses convictions, ses désirs. J'aimerai tant partager, mais au moment où j'écris cette page, je n'ai aucune certitude du compagnonnage. Il n'y a pas d'entraînements communs, de partage technique. Ce n'est pas grave. La porte reste grande ouverte et quoi qu'il en soit, à ce jour, l'idée de voyager seul est ancrée très fort. Je me dis que j'aurai, peut être par intermittence, un/des compagnon(s) de route....et cerise sur le gâteau, peut-être un pour vivre l'intégralité de cette expérience, en espérant que les organismes seront de niveaux équivalents en terme de mise en conditions.
L'esprit du voyage
Je ne ferai pas cette trace à pieds pour des raisons propres. Questions de temps, de disponibilités mais principalement du fait que je ne suis pas certain que la durée de ce périple m'aille.
J'ai fait sur 8 jours de marche sur la "West Highand Way" et elle m'a procurée un bonheur profond et intense et il m'a fallu du temps pour revenir sur terre. Là, je pars seul en laissant mon épouse. Partir un mois me semble une grande limite pour vivre sa passion.
Ce n'est pas, non plus, une course contre la montre. Partir avec mon VTT me laisse un temps infini de faire le chemin, non pas en touriste qui survole le chemin, le piètine, le consomme sans prendre le temps de le contempler.
Là, je veux goûter le temps, éprouver les coups de pédales. Je veux pédaler pour le plaisir de pédaler, voir et admirer les paysages pour la beauté des tableaux que nous offre la nature. Je veux prendre le temps de vivre et arrêter la journée pour avoir le temps de rencontrer l'autre, d'échanger, de partager.
L'expérience et le vécu seront primordiaux à la destination finale.
L'objectif est de retrouver ce détachement et d'aller vers l'essentiel, ce monde où l'on entrepercoit l'intime.
La voie

La "tradition" répartit les itinéraires vers Compostelle en 4 principaux chemins en France. C'est en Pays basque, au pied des Pyrénées, que les voies de Tours, Vèzelay et Le Puy se rejoignent. Ensemble, elles forment le Camino Navarro, qui franchit montagnes et frontière. A Puente la Reina, peu après Pampelune, la voie d'Arles (la quatrième) rejoint le Camino Navarro pour former le grand chemin espagnol vers Compostelle : le Camino Francès.
Donc, si "tous les chemins mènent à Rome", on doit en dire autant pour Compostelle.
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D'après la littérature, ces itinéraires sont globalement accessibles aux vététistes, mais en raison des reliefs traversés, ils présentent de grandes différences de pentes, dénivelés, nature du terrain..., qu'il vaut mieux connaître avant de partir. Ainsi, la voie de Tours, qui traverse les plaines du Poitou et les landes de Gascogne, est-elle plus accessible techniquement et physiquement que la voie du Puy, qui franchit le massif Central, les collines du Quercy et les coteaux du Gers. Quel que soit l'itinéraire choisi, toutes les voies alternent des cheminements très variés : plats ou escarpés, larges ou étroits, roulants ou chaotiques, rectilignes ou sinueux, poussièreux, terreux, herbeux ou boueux...
Il n'y a pas de chemin facile, tout droit, tout propre et tout plat, pour Compostelle.
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A Bourges, la voie de Vézelay fait étape. Mais elle part ensuite sur Limoges et contourne le Massif Central.Avec ces informations, je me suis quand même décidé à opter pour LA VIA PODIENSIS (Le Puy). C'est le chemin le plus connu des chemins de Compostelle. L'itinéraire GR65, qui est bien balisé, a été conçu autour de cette voie, même si, pour diverses raisons, il s'écarte souvent du chemin historique. Le GR 65 privilégie les plus beaux passages dans les plus beaux paysages, c'est d'abord un itinéraire de grande randonnée. Mais et c'est surtout la voie la plus aménagée avec de nombreuses infrastructures d'accueil, chemin presque entièrement réalisable avec le VTT, mais les passages en montagne ou moyenne montagne, les traversées de causses et de coteaux, sont émaillés de sévères raidillons qui s'enchaînent à bon rythme.
Je sais que celà ne sera pas une promenade de santé. c'est pourquoi l'entrainement a déjà démarré.
On dit que l'itinéraire du Puy peut être considéré comme le plus beau des chemins en France, mais la contrepartie, c'est le plus difficile.
Pour ne plus avoir de doute, d'indécisions néfastes pour asseoir le projet, j'ai opéré un choix, j'ai renoncé sur d'autres possibilités. La décision est prise. Reste à finaliser cette trace, mais avant tout à la rejoindre....